Bol disco

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© Photo B. Reverdy Graphiste M. Safatly

samedi 4 janvier 2014

Quelques questions à Christophe Pirenne, auteur de Neil Young Harvest

Qu’est-ce qui vous a amené à choisir cet album, Harvest, en particulier ?

La volonté de découvrir. Je ne suis pas un fan historique de Neil Young et je n’avais fait que l’effleurer dans l’Histoire du rock que j’ai publiée chez Fayard. C’était donc pour moi l’occasion de me pencher sur un artiste que je connaissais mal, mais dont les « maladresses » me fascinent. Pour un musicologue, envisager les œuvres de quelqu’un qui chante à moitié juste et joue de la guitare de façon approximative, a quelque chose de perturbant. Rien n’est académique et pourtant, quelle grande Musique !
Les amateurs de littérature ont eu le même problème avec son autobiographie. Ce n’est pas très bien écrit, cela part dans tous les sens, mais une fois qu’on a commencé la lecture, il est impossible de s’en détacher.

Comment vous êtes-vous approprié la ligne éditoriale de la collection ?

Plutôt facilement. Le format du disque rock s’y prête plutôt bien. Le livre suit un peu le parcours d’un amateur qui, en 1972, entrait dans un magasin de disque et découvrait le nouvel opus de Neil Young. Prendre la pochette en main, la retourner, l’ouvrir, regarder le contenu, décrypter les crédits puis rentrer chez soi, s’installer, mettre l’aiguille de son tourne disque au début de la face A et découvrir l’œuvre plage après plage en se demandant pourquoi ces chansons sont si touchantes. C’est un peu le plan « naturel » du livre.

Vers quelles sources vous êtes-vous tourné pour recueillir vos informations ? Tenez-vous de l’inédit ?
La bibliographie consacrée à Neil Young est déjà considérable, en anglais du moins. Si l’on y ajoute les articles parus à l’époque et dans les décennies qui ont suivi ainsi que les sites internet qui lui sont consacré, on arrive à un corpus colossal. Mais comme toujours, même face à des albums au sujet desquels tout semble avoir été écrit, il y a quelques creux. Presque personne ne décrit la musique alors que c’est, me semble-t-il, la première chose qui nous touche chez un auteur-compositeur-interprète. La chronologie précise des faits présentait aussi quelques contradictions que j’ai tenté de corriger.

Que reste-t-il d’un tel album quand on l’a étudié sous toutes les coutures pendant des mois ?

Il en reste tout ce que l’on sait difficilement expliquer mais qui est peut-être le plus précieux. Il en reste toutes ces choses que les mots ne nous permettent que de frôler. J’espère avoir pu faire passer cette fragilité, cette musicalité qui va au-delà des notes, cette maladresse touchante qui fait que Harvest est un album magnifique. J’aimais ce disque. Aujourd’hui je l’adore.

Avez-vous des souvenirs de Neil Young en concert ?

Peu. Je ne l’ai vu que deux fois. L’une durant mon adolescence. C’était un concert très bruitiste qui m’avait laissé une impression plutôt désagréable et des bourdonnements d’oreilles qui ont duré plusieurs jours. L’autre, plus récemment, en festival. Leur manière d’occuper l’espace m’avait alors frappé. Sur une scène immense, Crazy Horse se tient comme s’ils jouaient dans un club minuscule.

Neil Young compose en conduisant, est-ce que vous avez un souvenir d’écouter Neil Young en voiture ?

Non. D’une part parce que je suis essentiellement cycliste et d’autre part parce que j’écoute de la musique classique lorsque je conduis.

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